1770 ⇒ Arrivée à Lorient du rhinocéros – cadeau pour le roi Louis XV

1770 = Arrivée à Lorient du rhinocéros – cadeau pour le roi Louis XV

Le rhinocéros de Louis XV (1770-1793)
Rhinocéros indien mâle, c’est le sixième de l’époque moderne. Acquis pour le roi de France Louis XV en 1769 par Chevalier, le gouverneur de Chandernagor, alors comptoir français. Il fut ramené à Lorient par le capitaine François Magny à bord du Duc de Praslin. Lors d’une escale à l’Île de France (Île Maurice) le public fut admis à bord pour venir le voir. L’écrivain Bernardin de Saint-Pierre, qui faisait partie des visiteurs, remarqua que si le rhinocéros était « fort et méchant», comme le note François Magny sur le journal de bord, il tolérait comme amie une petite chèvre qui partageait son foin entre ses pattes.

Le rhinocéros de Louis XV
L’animal débarqua à Lorient le 4 juin 1770, et dut attendre deux mois et demi que l’on prépare une charrette à bœuf spéciale pour le transporter jusqu’à la ménagerie royale de Versailles, sa destination finale. Il y parvint après bien des péripéties le 11 septembre. Ce rhinocéros fut exposé au public pendant 22 ans, bien que la ménagerie royale ait commencé à décliner à partir de 1785.

Pendant les troubles de la Révolution, des sans-culottes bien intentionnés auraient un moment vu dans la ménagerie royale une autre Bastille, mais la perspective de relâcher dans la nature un rhinocéros et un lion les aurait fait renoncer à leur projet. Plus sérieusement il fallait fermer cette ménagerie que plus personne ne visitait et qui n’abritait plus en 1792 qu’un lion du Sénégal, un bubale, un quagga, quelques paons et le vieux rhinocéros qui allait vers son quart de siècle (record à l’époque pour un rhinocéros en captivité et hommage aux soins apportés par le personnel de la ménagerie). L’intendant écrivit donc à Bernardin de Saint-Pierre, qui était à l’époque le directeur du Jardin national des Plantes à Paris, pour lui suggérer de transférer les animaux dans la capitale qui ne possédait pas encore de zoo. Bernardin de Saint-Pierre fit le déplacement à Versailles, reconnut notamment le rhinocéros qui venait chercher les caresses à travers les barreaux de son enclos, et rédigea à son retour un Mémoire sur la nécessité de joindre une ménagerie au Jardin national des plantes de Paris, adressé au ministre de l’Intérieur de l’époque.

Le projet fut mené à bien (la ménagerie du jardin des Plantes existe toujours aujourd’hui). Mais le rhinocéros n’y arriva pas vivant, tué par un coup de sabre. Une note de Georges Cuvier (1769-1832) signale qu’on le retrouva mort dans son bassin de Versailles le 2 vendémiaire an II (23 septembre 1793). Sa dépouille fut transférée à Paris, au tout nouveau Muséum national d’histoire naturelle, où elle fut disséquée et naturalisée par Jean-Claude Mertrud et Félix Vicq d’Azyr. C’est la première opération de taxidermie moderne sur un animal de cette taille. Cette naturalisation eut lieu sous une tente dressée devant l’amphithéâtre du Muséum, fin septembre, dans des conditions telles que lorsque Félix Vicq d’Azyr mourut l’année suivante en 1794 à 46 ans, certains attribuèrent sa mort à cette opération.

Le squelette du rhinocéros de Louis XV se trouve aujourd’hui exposé dans la Galerie d’anatomie comparée, tandis que l’animal naturalisé, sa peau vernie tendue sur une armature cylindrique de chêne et de cerceaux de noisetier, et récemment restauré, est visible depuis 1994 au troisième niveau de la Grande galerie de l’évolution. Au moment de sa restauration en 1992 on se rendit compte que sa corne ne lui appartenait pas : c’était une corne de rhinocéros noir africain qui lui avait été rajoutée, l’originale ayant disparu. Elle fut remplacée par le moulage d’une corne tronquée de rhinocéros indien, provenant des anciennes collections royales, corne qui peut d’ailleurs avoir appartenu au rhinocéros de Louis XV.

Source Wikipédia : Le rhinocéros de Louis XV (1770-1793)